Bénévoles de l’Église catholique

14. Nov. 2024

Urs Winter-Pfändler

 

Il y a plus d’un an paraissait l’étude sur les abus sexuels dans l’Église catholique. Le rapport a ébranlé de nombreuses personnes et les a incitées à tourner le dos à l’Église. Cela se traduit désormais dans les chiffres. Le nombre de départs a doublé par rapport à l’année dernière.

Mais qu’en est-il des personnes qui s’engagent bénévolement dans l’Église ? S’essoufflent-ils eux aussi et se retirent-ils, mettent-ils fin à leur engagement bénévole au sein du conseil paroissial, en tant que responsable du jubilé ou en tant que membre du groupe de liturgie ou de la messe des enfants ?
Pour obtenir des réponses à cette question, nous avons analysé les chiffres des cinq dernières années sur le thème des bénévoles dans le diocèse de Saint-Gall (1). Ces chiffres sont complétés par le nombre de servants d’autel des dix dernières années en Suisse alémanique.
Conclusion : une légère tendance à la baisse se dessine pour le nombre de conseillers paroissiaux, mais dans l’ensemble (total des bénévoles et bénévoles adolescents et jeunes adultes), les chiffres sont heureusement stables (voir graphique 1). Ce résultat rejoint le constat plus ancien du Moniteur du bénévolat 2020, publié avant l’étude pilote sur les abus de pouvoir sexuels dans l’Église catholique en Suisse :

 

“Le nombre de bénévoles reste étonnamment stable. Au cours des dix dernières années, on ne peut constater ni un recul marqué ni une augmentation nette du bénévolat” (p. 9, traduction).

Plus de 5 pour 100 catholiques s’engagent dans leur Église (diocèse de Saint-Gall). Dans le canton de Saint-Gall, il y a un peu plus de bénévoles pour 100 catholiques que dans les deux cantons d’Appenzell. Dans l’ensemble, les chiffres absolus sont un peu en baisse. Fin 2023, environ 12 000 personnes étaient engagées dans le diocèse de Saint-Gall (graphique 2). Cela est probablement lié à des expériences positives dans les structures ecclésiales locales. L’identification à l’Église locale existe toujours, même si l’on éprouve des sentiments mitigés à l’égard de la structure globale ecclésiale et plus abstraite.


Graphique 1

Les variations plus importantes dans les deux cantons d’Appenzell s’expliquent en partie par le faible nombre de cas.

Graphique 2

La situation est similaire pour les servants d’autel de Suisse alémanique (graphique 3). Ici aussi, on constate un recul en chiffres absolus au cours des dix dernières années, mais il n’y a pas d’effondrement dû à l’étude sur les abus sexuels dans l’Église catholique. Pour les servants d’autel également, les expériences positives sur le terrain jouent sans doute un rôle important. Reste à voir si cette constance se maintiendra dans les années à venir.

Il faut prendre soin des bénévoles, qu’il s’agisse d’enfants, de jeunes ou d’adultes, afin d’éviter une vague d’exode. Voici quelques éléments de réponse :


Graphique 3

L’interaction entre les bénévoles et les professionnels est typique de l’Église catholique. Les bénévoles donnent de leur temps et de leurs compétences sans attendre de compensation financière. Sans les bénévoles, l’Église ne peut souvent pas fonctionner : en effet, sans les membres de la chorale de l’Église, sans les servants de messe, sans les conseillers paroissiaux, sans les personnes engagées dans le service de visite, dans les services liturgiques, etc. il ne serait pas possible de proposer une offre liturgique, culturelle et diaconale aussi importante.
Toutefois, dans le contexte ecclésial, les bénévoles ne peuvent participer aux décisions que dans une certaine mesure :

“Dans les églises, ils [les bénévoles] jouent un rôle important, mais il n’est pas rare qu’ils ne participent pas suffisamment aux décisions.” (Redmann, 2021, p. 5, traduction).

De plus, la collaboration entre bénévoles et professionnels peut parfois être tendue et conflictuelle. Les “professionnels” peuvent craindre que les bénévoles ne les remplacent, tandis que les bénévoles peuvent se sentir infantilisés ou régentés par les professionnels. Ces deux tensions peuvent s’exprimer sous la forme d’une dévalorisation et d’une non-valorisation réciproques. D’autres sources de conflit peuvent survenir en raison d’asymétries d’informations ou de constellations de pouvoir. Ce phénomène peut par exemple être observé entre une direction professionnelle (par exemple une équipe pastorale à plein temps) et un conseil d’administration bénévole (par exemple l’administration de l’Église). Dans de telles situations, une description claire des tâches et des responsabilités ainsi que des objectifs compréhensibles sont importants pour les deux parties.

 

Qui fait du bénévolat ?

Selon le Freiwilligen-Monitor en Suisse 2020, le domaine qui a le plus de succès pour un engagement bénévole est le sport, dans lequel environ 13% de la population de plus de 15 ans s’engage bénévolement. Dans le domaine de l’Église et de la religion, ils sont près de 8%. Dans le domaine ecclésiastique et social (c’est-à-dire les services d’assistance et de solidarité), la part des femmes est élevée, avec respectivement 63% et 61% des personnes engagées dans le bénévolat. En revanche, les hommes sont plus susceptibles de s’engager dans les domaines de la politique, du sport ou pour un groupe d’intérêt. De plus, les hommes sont plus susceptibles d’effectuer des tâches bénévoles dans lesquelles ils peuvent diriger, représenter ou gérer quelque chose.
Une tendance observée depuis longtemps dans le bénévolat est à l’engagement limité dans le temps, où l’on s’engage de plus en plus dans des projets ou des tâches spécifiques. L’engagement traditionnel de longue durée dans une organisation bien structurée, pour lequel on est sollicité, appelé ou élu et pour lequel on est prêt à s’impliquer dans des structures hiérarchiques et complexes, perd du terrain. Cela pourrait en partie expliquer pourquoi le nombre de conseillers paroissiaux est en légère baisse.

Cela signifie-t-il que, pour le secteur ecclésial, les engagements limités dans le temps, liés à des projets ou à des tâches, doivent être redéfinis et faire l’objet d’une publicité ?

 

Motivation pour le bénévolat

 

“Les personnes qui s’engagent formellement dans le bénévolat veulent entreprendre et faire bouger les choses avec d’autres personnes, les aider, se développer et élargir leurs connaissances et leurs compétences tout en s’amusant” (Freiwilligen-Monitor 2020, p. 11, traduction).

Aujourd’hui, les aspects sociaux tels que la convivialité et le plaisir, le bien commun et le développement personnel (apprendre et se développer) occupent la première place. Les motifs éthiques et moraux, qui occupaient autrefois une place importante, ont été relégués au second plan.
Qu’est-ce que cela peut signifier pour les Églises ? Quels sont les domaines d’apprentissage que les Églises proposent à leurs bénévoles, dans lesquels ils peuvent se développer sur le plan personnel ou religieux et spirituel ?

Le bénévolat a lui aussi un début et une fin. Il convient donc de rechercher, de conserver et d’encourager les collaborateurs bénévoles et, le moment venu, de prendre congé d’eux comme il se doit. Le “comment” d’une gestion moderne des bénévoles peut être décrit comme suit :

L’un des principaux défis consiste à recruter de nouveaux bénévoles, en particulier à une époque où l’Église est confrontée à une diminution du nombre de ses membres et à des changements sociétaux. La reconnaissance et la valorisation des bénévoles jouent un rôle essentiel pour encourager cet engagement.

Dominik Michel-Loher

dirige le département de développement pastoral et de conseil du service pastoral du diocèse de Saint-Gall. Il est notamment responsable du thème des bénévoles dans le diocèse.

Gestion des bénévoles

Le bénévolat doit être planifié, mis en œuvre et suivi de près. Mitschke-Collande parle en allemand des six “B” (enthousiasmer, appeler, habiliter, mandater, accompagner et récompenser) concernant le management des bénévoles.
Il s’agit tout d’abord d’enthousiasmer ou de motiver les personnes à s’engager dans le bénévolat. Une journée portes ouvertes ou une période d’essai peut être une premièremanière d’entrer. De plus, les bénévoles doivent être appelés (c’est-à-dire sélectionnés, contactés, recrutés et sollicités). Il s’agit ensuite de préparer les bénévoles à leur engagement et de leur donner les moyens de le faire. La formation initiale et continue des bénévoles revêt ici une grande importance.
Il est aussi important de les installer officiellement dans leurs fonctions ou de les mandater. Cela peut se faire à l’aide d’une convention d’engagement. Les bénévoles doivent également être accompagnés tout au long de leur engagement pour répondre aux questions et aux défis qui se posent, par exemple par le biais de mesures d’intervision ou de supervision. En règle générale, les bénévoles ne reçoivent pas de compensation financière pour leur engagement, mais il est important de les récompenser et de valoriser leur travail. Cela peut se traduire de diverses manières, que ce soit sous la forme d’événements de remerciement, de la possibilité de participer à des formations, de remboursements de frais et d’une couverture d’assurance, ou encore de cartes d’anniversaire ou d’un article sur le travail bénévole dans la presse. Le repas de remerciement est l’une des formes de reconnaissance les plus fréquentes en Suisse selon le Moniteur du bénévolat 2020.

Lors du départ d’un bénévole, il convient également de valoriser ou d’honorer une nouvelle fois le travail effectué, par exemple en prenant congé d’une manière digne ou en remettant une carte de bénévole ou un certificat de travail.

Le bénévolat a une particularité : l’engagement volontaire est, comme le mot l’indique, “volontaire”. Cela signifie également que les responsables ne peuvent exercer qu’un pouvoir formel limité sur les bénévoles et que, par conséquent, les comportements négatifs ne peuvent être sanctionnés que de manière très limitée.
C’est pourquoi l’Église doit trouver des réponses pour que toutes les personnes concernées respectent des règles du jeu et des accords bien définis.

Les gens se sentent souvent interpellés par des invitations personnelles. Ainsi, il est utile de s’adresser directement aux bénévoles potentiels, que ce soit par des discussions après la messe ou des invitations individuelles par téléphone ou par e-mail. Il est mieux d’établir un contact personnel plutôt que de se contenter de lancer des appels généraux.

Dominik Michel-Loher

dirige le département de développement pastoral et de conseil du service pastoral du diocèse de Saint-Gall. Il est notamment responsable du thème des bénévoles dans le diocèse.

Les bénévoles à la rescousse : nouveaux modèles d’engagement bénévole au sein de l’Église

Depuis un certain temps, de nouveaux modèles pastoraux sont discutés pour faire face au manque de personnel dans l’Église. Certains modèles misent de plus en plus sur les bénévoles (par exemple Neuland St. Gallen : www.neuland-stgallen.ch). A l’avenir, les bénévoles devront assumer davantage de responsabilités dans les paroisses. S’ils sont accompagnés dans leur activité par des professionnels, ces derniers doivent en même temps être déchargés en temps à un autre endroit. Le succès de ces modèles dépendra de la capacité à remplacer les formats traditionnels d’engagement bénévole par de nouvelles formes créatives et une autre culture de collaboration entre bénévoles et salariés. Dans le cas contraire, le constat de Rainer Bucher se vérifie :

 

“La plupart des catholiques baptisés et confirmés ne ressentent tout simplement aucun intérêt pour les exigences élevées du mouvement paroissial («Gemeindebewegung » [texte original]) et pour la nouvelle répartition du travail religieux qui en découle et qui est désormais imposée aux laïcs. Ils ont tout simplement d’autres soucis et d’autres préoccupations”. (Bucher, 2012, p. 49, traduction)

Le processus Neuland reste une préoccupation centrale dans le diocèse de Saint-Gall. Pourtant, jusqu’à présent, nous devons tirer un bilan mitigé. Alors que l’intégration de bénévoles se déroule avec beaucoup de succès dans certaines unités pastorales, beaucoup d’autres ont du mal à comprendre l’objectif central du processus Neuland. Là où le processus est bien mis en œuvre, il s’avère que l’engagement vaut la peine malgré le manque de temps.

Dominik Michel-Loher

dirige le département de développement pastoral et de conseil du service pastoral du diocèse de Saint-Gall. Il est notamment responsable du thème des bénévoles dans le diocèse.

Encart Sorties et entrées en 2023

Alors que le nombre de bénévoles semble stable, le nombre de départs est en hausse : En 2023, 67 497 personnes ont quitté l’Église catholique, soit environ deux fois plus de personnes que l’année précédente (année 2022 : 34 561, 2021 : 34 182, 2020 : 31 402, 2019 : 31 772). Fin 2023, l’Église catholique comptait environ 2,8 millions de membres (2) .
Les prévisions se sont donc avérées exactes : les rapports sur les scandales d’abus sexuels ont poussé des milliers de personnes à quitter l’organisation. Sur l’ensemble du pays, le taux de départ est en moyenne de 2,6%.
Les différences cantonales sont frappantes. Ainsi, les cantons de Genève, du Valais, de Neuchâtel et de Vaud n’enregistrent pratiquement pas de départs. Cette observation est due à une structure organisationnelle différente des Églises dans ces derniers cantons, où il n’existe pas de structure d’affiliation formelle liée à l’obligation de payer un impôt ecclésiastique et d’où l’on pourrait tout simplement quitter l’Église.
Si l’on exclut ces cantons (NE, GE, VS, VD) de la statistique, on obtient un taux de sortie moyen de 3,1% (2022 : 1,6%). Autrement dit, 3,1 personnes pour 100 membres catholiques ont quitté l’Église en 2023. Cette forte augmentation du nombre de départs au fur et à mesure de la publication des rapports sur les scandales d’abus peut également être constatée en Allemagne voisine (par exemple, un rapport d’expertise, très médiatisé à mon avis, a été publié dans le diocèse de Cologne en 2021).
En moyenne, le taux de sortie en Allemagne était de 1,6% en 2021 et a atteint 2,4% en 2022. En 2023, il a baissé à 1.9%. En Autriche, les taux de sortie étaient de 1,5% (2021), 1,9% (2022) et 1,8% (2023).
Si l’on se concentre sur les cantons qui ont connu les pertes les plus importantes, les cantons d’Argovie, de Soleure et de Bâle-Ville affichent des taux de départ élevés. A Bâle-Ville, 4,5 personnes pour 100 membres ont quitté l’Église catholique en 2023. Ce chiffre était de 4,6 personnes dans les cantons d’Argovie et de Soleure (voir aussi graphique 4).

En comparaison, dans l’Église évangélique réformée, 39 517 personnes ont quitté l’Église en 2023(3) (2022 : 30 393, 2021 : 28 798, 2020 : 27 191 personnes). Le nombre de membres s’élevait à environ 1,86 million fin 2023. L’Église catholique compte donc près d’un million de membres de plus que son homologue réformée.

Contrairement aux départs, les arrivées se maintiennent à un niveau bas depuis plusieurs années. En 2023, 1 004 personnes sont entrées dans l’Église catholique (année 2022 : 1 080, 2021 : 910, 2020 : 735, 2019 : 895 personnes). Le taux d’entrée sans les cantons NE, GE, VS, VD et sans les cantons sans données est de 0,04%. Le rapport entre les entrées et les sorties est donc d’environ 1 : 77.

 


Graphique 4

Littérature utilisée ​

  • Badelt, C., & More-Hollerweger, E. (2007). Ehrenamtliche Arbeit im Nonprofit Sektor. In C. Badelt, M. Meyer, & R. Simsa (Hrsg.), Handbuch der Nonprofit Organisation. Strukturen und Management (S. 503–531). Stuttgart: Schäffer-Poeschel Verlag.
  • Braune, P., & Alberternst, C. (2013). Führen im öffentlichen Bereich und in Non-Profit-Organisationen: Handeln zwischen Politik und Verwaltung – Instrumente und Arbeitsfelder. Berlin / Heidelberg: Springer.
  • Bruhn, M. (2012). Marketing für Nonprofit-Organisationen. Stuttgart: Kohlhammer.
  • Bucher, R. (2012). „… wenn nichts bleibt, wie es war“. Zur prekären Zukunft der katholischen Kirche. Würzburg: Echter-Verlag.
  • Eckardstein, D. v. (2007). Personalmanagement. In C. Badelt, M. Meyer, & R. Simsa (Hrsg.), Handbuch der Nonprofit-Organisation. Strukturen und Management (S. 273–298). Stuttgart: Schäffer-Poeschel Verlag.
  • Helmig, B., & Boenigk, S. (2012) Nonprofit Management. München: Vahlen Verlag.
  • Lamprecht, M., Fischer, A., & Stamm, H. (2020). Freiwilligen-Monitor Schweiz 2020. Zürich: Seismo Verlag.
  • Lichtsteiner, H., Gmür, M., Giroud, C., & Schauer, R. (2013). Das Freiburger Management-Modell für Nonprofit-Organisationen (7., neu bearb. Aufl. ed.). Bern: Haupt Verlag.
  • Mitschke-Collande, T. v. (2012). Schafft sich die katholische Kirche ab? Analysen und Lösungen eines Unternehmensberaters. München: Kösel.
  • Müller, D., Hameister, N., & Lux, K. (2017). Anstoß und Motive für das freiwillige Engagement. In J. Simonson et al. (Hrsg.), Freiwilliges Engagement in Deutschland, Empirische Studien zum bürgerschaftlichen Engagement, S. 413-435, Wiesbaden: Springer Verlag.
  • Redemann, B. (2012). Erfolgreich führen im Ehrenamt. Ein Praxisleitfaden für freiwillig. Wiesbaden: Springer Verlag.
  • Wäckerlig, O., Baumann-Neuhaus, E., & Bünker, A. (2022). Entkirchlichung als Prozess. Beobachtungen zur Distanzierung gegenüber Kirche und kirchlicher Religiosität, in: J. Stolz, et. al., Religionstrends in der Schweiz. Religion, Spiritualität und Säkularität im gesellschaftlichen Wandel. Wiesbaden: Springer-VS, 105 – 142.
  • Winter-Pfändler, Urs (2015). Kirchenreputation. Forschungsergebnisse zum Ansehen der Kirchen in der Schweiz und Impulse zum Reputationsmanagement, St. Gallen: Edition SPI.

 

Notes

(1) Les chiffres concernant les bénévoles sont des estimations des paroisses, en général des secrétariats paroissiaux.
(2) Aucun chiffre concernant les départs n’est disponible pour les cantons de Bâle-Campagne et du Tessin. Les chiffres d’entrée manquent pour les cantons de Bâle-Campagne, du Tessin et du Jura.
(3) En 2023, 2022 et 2021, les données des cantons de Neuchâtel, Vaud et Valais ne sont pas disponibles. En 2020, les données du canton d’Uri manquent également. Pour les chiffres des années 2021-2023, les départs de l’Église évangélique méthodiste ont été inclus (2023 : 4’783 membres, 284 départs).

Medienpräsentation Kirchenstatistik 2024 vom 14.11.2024

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